Aspects de la th´eorie de Runge
Approximation des fonctions holomorphes
d´efinies sur des parties quelconques de C
par des suites de polynˆomes
Table des mati`eres
1 Une caract´erisation de la connexit´e simple 2
1.1 Conventions et rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 formule de Cauchy pour les compacts . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2 Quelques notions de topologie dans C 7
3 Le th´eor`eme de Runge pour les compacts 11
3.1 le th´eor`eme d’approximation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4 R
2
est localement compact. 19
5 Les composantes compactes d’un espace localement compact 21
6 Le th´eor`eme de Runge pour des domaines quelconques 23
6.1 Les paires de Runge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
6.2 Des trous ennuyeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
6.3 Caract´erisation des paires de Runge . . . . . . . . . . . . . . . . 27
7 Annexe : Espaces localement compacts
et espaces de Tychonoff 28
1
La th´eorie d’approximation de Carl Runge s’inscrit dans la suite du fameux
th´eor`eme de Weierstrass selon lequel toute fonction eelle continue sur un inter-
valle compact s’y laisse approcher uniform´ement par une suite de polynˆomes.
Runge part du constat que l’on ne peut en en´eral pas calculer les valeurs d’une
fonction holomorphe par la formule de Cauchy mais qu’il faut approcher cette
fonction par des fonctions rationnelles.
Ce travail s’attachera `a montrer l’existence d’une telle approximation des fonc-
tions holomorphes, d’abord dans le cas o`u ces fonctions sont efinies sur des
compacts de C, puis dans le cas g´en´eral de domaines quelconques dans C. Les
suites de fonctions rationnelles sont cependant difficiles `a donner concr`etement,
sauf dans quelques cas simples. On renvoie `a [Ga] pour la donn´ee explicite de
polynˆomes d’approximation.
Ce travail veut ´egalement montrer les notions de topologie sur lesquelles repose
la th´eorie d’approximation de Runge. Ce sera ainsi l’occasion de s’int´eresser
aussi bien aux courbes de Jordan qu’`a la compacit´e locale de C et `a l’existence
de compacts ouverts dans C.
1 Une caract´erisation de la connexit´e simple
1.1 Conventions et rappels
- Une somme formelle de chemins ferm´es, et plus g´en´eralement une com-
binaison lin´eaire
n
P
i=1
c
i
γ
i
, avec c
i
Z, s’appelle un cycle. On efinit
l’inegrale d’une fonction f : C C sur un cycle γ =
n
P
i=1
c
i
γ
i
:
Z
γ
f(ζ) d ζ :=
n
X
i=1
c
i
Z
γ
i
f(ζ) d ζ.
- On cherche `a d´enoter l’op´eration consistant `a mettre bout `a bout deux
chemins. On ne peut pas vraiment utiliser l’´ecriture additive parce que
cette op´eration n’est pas commutative. L’´ecriture multiplicative serait
quant `a elle mieux indiqu´ee si cette multiplication ´etait distributive par
rapport `a une addition, ce qu’elle n’est bien sˆur pas. Aussi conviendra-t-
on de la notation propos´ee par [FrBu] et optera-t-on pour le symbole .
Soient α : [0, 1] C et β : [0, 1] C deux chemins. Uniquement dans le
cas o`u α(1) = β(0), on efinit
(α β)(t) :=
α(2t) pour 0 t 1/2,
β(2t 1) pour 1/2 t 1.
2
Cette op´eration est associative `a la param´etrisation pr`es.
1
- On rappelle que la fonction suivante, d’abord efinie pour des chemins
ferm´es γ, mais se en´eralisant sans probl`eme aux cycles,
C |γ| Z; z 7→ U
γ
(z) :=
1
2πi
Z
γ
z ζ
est la fonction ‘nombre de tours’, qui indique le nombre de tours complets
qu’effectue le chemin γ autour de z. Si U
γ
(z) est positif (resp. egatif), γ
tourne |U
γ
(z)| fois autour de z dans le sens positif (resp. n´egatif). Il s’agit
d’une fonction localement constante `a valeurs enti`eres. Elle permet de
d´efinir l’inerieur et l’ext´erieur d’un cycle γ. L’ext´erieur (resp. l’int´erieur)
de γ est l’ensemble des z pour lesquels U
γ
(z) = 0 (resp. U
γ
(z) 6= 0).
- Un cycle est dit 0-homologue dans D C si son int´erieur est dans D.
- On enote par O(D) l’ensemble des fonctions holomorphes sur D C.
1.2 formule de Cauchy pour les compacts
Soit f une fonction holomorphe sur un voisinage ouvert d’un rectangle ferm´e
R. On rappelle que la formule de Cauchy pour ce rectangle de bord R est :
1
2πi
Z
R
f(ζ)
ζ z
d ζ =
f(z) si z
˚
R
0 si z 6∈
R
.
L’inegrale est ici prise le long d’un chemin parcourant le bord du rectangle une
seule fois dans le sens positif.
Affirmation 1.1 (Formule de Cauchy pour les compacts) Soit K un com-
pact non vide dans un domaine D. Alors il existe un nombre fini de segments
1
Soit la param´etrisation p(t) : [0, 1] [0, 1] donn´ee par
p(t) :=
1/2 t 0 t < 1/2
t 1/4 1/2 t < 3/4 .
2t 1 3/4 t 1
Pour tous chemins α, β et γ [0, 1] C avec α(1) = β(0) et β(1) = γ(0), on erifie que
[(α β) γ] p(t) = [α (β γ)] (t). Sur l’ensemble des chemins [0, 1] C, on d´efinit ensuite
une relation d’´equivalence :
α β : n Z avec α p
n
= β,
On a p
0
:= id
[0,1]
. Nous appelons P le groupe engendr´e par p et E l’ensemble des chemins
dans C. Alors θ : E × P E ; θ(α, p) = α p efinit une action de P sur E, et on peut
exprimer autrement la relation d’´equivalence :
α β : α w(β),
o`u w(β) := {βp; p P } est l’orbite de β. On a l’´egalit´e des classes [(αβ)γ] = [α(βγ)],
et en ce sens, l’op´eration de mise bout `a bout de chemins est associative.
3
(horizontaux ou verticaux) de eme longueur σ
1
, . . . , σ
n
dans D K tels que
pour toute fonction f O(D) :
f(z) =
1
2πi
n
X
ν=1
Z
σ
ν
f(ζ)
ζ z
d ζ , z K. (1)
Preuve : On efinit la distance entre deux en-
sembles non vides A et B :
dist (A, B) := inf{|a b|; a A, b B}.
On consid`ere, sans restriction `a la g´en´eralit´e, un
domaine D born´e ainsi qu’un compact K D.
Alors δ := dist (K, D) > 0.
2
On pose sur le com-
pact K un quadrillage parall`ele aux axes du plan
de Gauss C uniquement compos´e de carr´es de ot´e
c tel que
2 c < δ, i.e. des carr´es dont la longueur
de la diagonale est plus petite que la distance entre
K et le bord de D. Alors l’ensemble des carr´es Q
satisfaisant `a Q K 6= forment un recouvrement
fini Q
1
, . . . , Q
k
de K, et tous les Q
κ
, κ = 1, ···, k,
sont contenus dans D :
K
k
[
κ=1
Q
κ
D.
La premi`ere inclusion est claire :
k
S
κ=1
Q
κ
est un recouvrement de K. Nous
consid´erons la seconde inclusion. On montre que Q
κ
D, pour κ = 1, . . . , k.
On choisit pour ce faire un point c
κ
Q
κ
K. Alors par le choix de c, chaque
point dans le carr´e Q
κ
a une distance non nulle avec le bord de D. Il en suit
que tout le carr´e est dans D et la seconde inclusion est claire.
Chaque bord Q
κ
peut ˆetre vu comme la trace d’un chemin ferm´e form´e par
la mise bout `a bout de quatre chemins droits, de quatre segments orienes
σ
κ, i
, i = 1, . . . , 4. Pour tout le recouvrement Q
1
, . . . , Q
k
, il y a donc 4 k =: N
segments associ´es. On ne consid`ere ensuite que les segments σ
ν
qui ne sont pas
`a double, i.e. ceux dont la trace n’est pas identique `a une autre |σ
ν
| = |σ
ξ
|.
On appellera ces segments σ
1
, . . . , σ
n
les segments ext´erieurs. Par la suite, on
identifiera un chemin σ et sa trace |σ|. On montre que
n
[
ν=1
σ
ν
D K. (2)
2
Cette distance n’est pas nulle. Pour s’en convaincre : La fonction distance: K × D R;
(x, y) 7→ distance(x, y) est continue sur le produit cart´esien de deux compacts, i.e. sur un
compact. Elle a donc un minimum en un (x
0
, y
0
). Or ce point x
0
de K D est un point
inerieur de D. Il existe donc une boule de rayon non nul centr´ee en x
0
qui se trouve enti`erement
dans D. La distance entre K et D est donc au moins de ce rayon.
4
Il suffit de voir que ν, K σ
ν
= . En
effet, si ce n’´etait pas le cas, alors il exis-
terait un autre segment σ
ξ
avec σ
ν
=
σ
ξ
, ce qui, par hypoth`ese, ne peut pas
ˆetre le cas. Le dessin ci-contre montre
que les segments qui sont `a l’ext´erieur de
K sont exactement ceux qui ne sont pas
coupl´es en deux segments d’orientations
oppos´ees.
De l`a, avec la formule de Cauchy pour
les rectangles et en gardant `a l’esprit que
pour un z en dehors du rectangle d’int´e-
gration, la formule vaut 0, on peut ´ecrire
k
X
κ=1
Z
Q
κ
f(ζ)
ζ z
d ζ =
n
X
ν=1
Z
σ
ν
f(ζ)
ζ z
d ζ pour tout z
k
[
κ=1
Q
κ
!
,
car `a l’exception des segments que j’ai appel´es ext´erieurs, tous les autres seg-
ments se laissent coupler de mani`ere `a ce que la somme des int´egrales sur l’un et
l’autre segment s’annule (orientations oppos´ees). On constate que la formule de
Cauchy pour les compacts est non seulement valable pour tout point int´erieur z
de n’importe quel carr´e, z
˚
Q
κ
, µ = 1, . . . , k, mais ´egalement pour tout point
z K Q
κ
, κ = 1, . . . , k, en vertu du fait qu’aucun point z K n’est sur l’un
des segments ext´erieurs, conform´ement `a (2). Donc la formule (1) est v´erifi´ee
pour tout z K.
On efinit le cycle Γ :=
P
i
C
i
comme la somme formelle (unique) des courbes
ferm´ees de la forme C
i
= σ
1
σ
2
···σ
n
i
. Ces segments ext´erieurs auront bien
sˆur ´et´e eindex´es si ecessaire de mani`ere `a rendre la mise bout `a bout possible.
3
Ce cycle est 0-homologue dans D, parce qu’il est un cycle form´e exclusivement
de bords de carr´es qui sont dans D, et parce que la somme (formelle) de chemins
ferm´es 0-homologues dans un domaine forme un cycle 0-homologue dans ce
mˆeme domaine.
4
Par le th´eor`eme de Cauchy g´en´eralis´e aux cycles, on sait alors
que z K
k
S
κ=1
Q
κ
= Int Γ,
1
2πi
n
X
ν=1
Z
σ
ν
f(ζ)
ζ z
d ζ =
1
2πi
Z
Γ
f(ζ)
ζ z
d ζ = U
Γ
(z) · f(z),
3
Chaque courbe ferm´ee C
i
entoure un ensemble de (une ou plusieurs) composantes connexes
de K distantes deux `a deux de moins de 2c, o`u c est le ot´e d’un carr´e du quadrillage. Les
composantes connexes de K distantes entre elles de plus de 2c sont entour´ees de courbes
ferm´ees diff´erentes.
4
L’affirmation ecoule directement de la lin´earit´e de la fonction γ 7→ U
γ
(z). On entend par
l`a que γ
1
+ γ
2
7→ U
γ
1
+γ
2
(z) = U
γ
1
(z) + U
γ
2
(z).
γ
i
est 0-homologue dans D signifie que U
γ
i
(z) 6= 0 z D. De l`a, U
γ
1
+γ
2
(z) = U
γ
1
(z) +
U
γ
2
(z) 6= 0 z D.
5
En comparant cette expression avec l’expression (1), on voit que pour tout
z K, on a U
Γ
(z) = 1.
De plus, on a clairement que U
Γ
(z) = 0 pour tout z C D, puisqu’aucun
carr´e Q
κ
n’est dans C D. L’affirmation qui suit est ainsi montr´ee :
Affirmation 1.2 Soit K un compact dans un domaine D C. Alors il existe
un cycle Γ dans D K tel que
U
Γ
(z) = 1, z K,
U
Γ
(z) = 0, z C D.
Remarquons que ce qui a ´et´e montr´e ci-dessus est valable pour un compact
quelconque, et notamment pour un compact qui a une infinit´e de composantes
connexes; l’important ´etant qu’il existe toujours un recouvrement fini de ce
compact par des carr´es.
On va donner `a pr´esent une caract´erisation de la connexit´e simple en termes
topologiques. Rappelons cette notion :
D´efinition 1.1 Soit α : [0, 1] D une courbe ferm´ee dans D, α(0) = α(1) =
z
0
. On dit que α est 0-homotope dans D si α est homotope au chemin constant
β(t) := z
0
.
D´efinition 1.2 (connexit´e simple d’un domaine de C) Un domaine dans
lequel tout chemin ferm´e est 0-homotope est dit simplement connexe.
Un domaine simplement connexe est un domaine dit ´el´ementaire : toute fonc-
tion holomorphe sur un tel domaine poss`ede une primitive efinie sur tout ce
domaine.
De la version homotopique du th´eor`eme de Cauchy, on sait en effet que si α est
un chemin ferm´e 0-homotope dans D,
Z
α
f = 0
pour toute fonction f holomorphe sur D. Donc si D est simplement connexe,
Z
α
f = 0
pour tout chemin ferm´e α dans D et toute fonction f holomorphe sur D. Par
un raisonnement analogue `a celui de Morera, on montre alors que f poss`ede
une primitive sur D.
Affirmation 1.3 Les propositions suivantes sont ´equivalentes pour un domaine
D C :
i) D est simplement connexe.
ii) Si A = A
1
A
2
est une ecomposition de CD en deux ensembles disjoints
ferm´es, alors
A
i
est compact A
i
= , i {1, 2}.
6
Preuve : i) ii) : Soit D simplement connexe et A
1
compact. Dans ce cas,
U = A
1
D est ouvert puisque C U = A
2
est ferm´e. Selon le th´eor`eme
pr´ec´edent, il existe un cycle Γ dans U A
1
= D avec U
Γ
(a) = 1 pour tout
a A
1
. Mais puisque Γ est 0-homologue, A
1
doit ˆetre vide.
ii) i) : Supposons que D n’est pas simplement connexe, et soit Γ un cycle
dans D qui n’est pas 0-homologue. On pose
A
1
= {z C D; U
Γ
(z) 6= 0}
A
2
= {z C D; U
Γ
(z) = 0}.
Il est clair que C D = A = A
1
A
2
avec A
1
A
2
= , et A
1
est born´e et non
vide. On montre que A
1
et A
2
sont ferm´es. Soit une suite convergente (a
ν
) dans
A
i
, i {1, 2}. On a que la limite a
0
est dans A, qui est ferm´e. En particulier
a
0
6∈ |Γ|, et U
Γ
(a
0
) est bien efini. Mais puisque la fonction ‘nombre de tours’
U
Γ
est localement constante, on a l’implication
a
ν
a
0
= U
Γ
(a
ν
) U
Γ
(a
0
).
De l`a, a
0
A
i
, et A
i
est ferm´e.
2 Quelques notions de topologie dans C
Cette section a pour but de mettre en lumi`ere certaines propri´et´es topologiques
du plan C qui sont souvent utilis´ees dans la suite. On articulera cette section
autour de la notion de composante connexe d’une partie de C. On verra qu’une
courbe ferm´ee simple partage C en une composante born´ee et une composante
non born´ee, pour remarquer que pour un compact K, C K poss`ede toujours
une composante non born´ee, et que celle-ci est unique. On ´evoquera enfin les
composantes compactes et les trous.
On donne tout d’abord quelques d´efinitions.
D´efinition 2.1 Un espace topologique X est dit connexe s’il n’est pas l’union
de deux sous-espaces non vides, disjoints et ouverts, ou en d’autres termes si
X et sont les seuls sous-ensembles de X qui sont `a la fois ouverts et ferm´es.
D´efinition 2.2 Un espace X est connexe par arcs s’il existe pour tout couple
(x, y) X ×X une fonction continue f : [0, 1] X avec f(0) = x et f(1) = y.
Pour toute fonction continue f : [0, 1] X, l’image f ([0, 1]) est connexe.
Supposons que ce n’est pas le cas : il existe alors un ensemble M f[0, 1]
diff´erent de f[0, 1] et de qui est en eme temps ouvert et ferm´e. Sa pr´eimage
f
1
(M) est ouverte et ferm´ee dans [0, 1] tout en ´etant diff´erente de [0, 1] et
. Mais ceci implique que l’intervalle [0, 1] n’est pas connexe, ce qui est faux.
Contradiction. Nous concluons :
Affirmation 2.1 Un espace connexe par arcs est aussi connexe.
7
Si X C, l’affirmation inverse est aussi valable. On se donne un point p X,
puis on consid`ere la fonction suivante :
w(z) =
1 s’il existe f : [0, 1] X continue avec f(0) = p, f(1) = z,
0 sinon.
Puisque X C, il existe pour chaque z X une boule B(z) X; dans
cette boule, toute paire de points se laisse relier par un chemin continu. Si
w(z
0
) = 1 pour au moins un z
0
dans B(z), w(B(z)) = 1. Par cons´equent,
ou bien w(B(z)) = 1, ou bien w(B(z)) = 0, et la fonction w est localement
constante dans X. Mais parce que X est connexe et qu’il y a au moins un point
p X avec w(p) = 1, on doit avoir
5
w 1 sur tout X.
D´efinition 2.3 (composante connexe) Un sous-ensemble P X est une
composante connexe de X s’il est un sous-ensemble connexe maximal de X,
i.e. il n’existe pas de sous-ensemble non vide Q X disjoint de P tel que P Q
est connexe.
On peut exprimer cette notion de composante d’un espace topologique X en
termes de sous-espaces topologiques de ce X : pour tout x X, l’ensemble
{x} vu comme sous-espace topologique est connexe. Et puisque l’union quel-
conque de sous-espaces connexes ayant deux `a deux une intersection non vide
est `a nouveau un sous-espace connexe, on conclut que l’union de tous les
sous-espaces connexes qui poss`edent en commun un point fix´e forme un sous-
espace connexe maximal. C’est ce qu’il faut comprendre pr´ecis´ement par ‘sous-
ensemble connexe maximal’ (de X). Il est ´evident que deux composantes de X
sont disjointes et que chaque composante est ferm´ee, puisque pour toute partie
A X, si A est connexe, sa fermeture A l’est ´egalement.
Il est `a remarquer qu’une composante n’est en g´en´eral pas ouverte, comme
l’atteste l’exemple suivant.
Exemple 2.1 Soit X := Q R muni de la topologie induite. Les composantes
sont les points de Q, et aucune composante n’est ouverte, puisque pour tout
x Q, il n’existe aucun ouvert U de R tel que U Q = {x}.
D´efinition 2.4 Un chemin γ : I C parcourt un domaine D de bord en
bord si les conditions suivantes sont v´erifi´ees :
i) Il existe t
1
et t
2
dans I, t
1
< t
2
, avec γ(t
1
), γ(t
2
) D et γ(t
1
) 6= γ(t
2
).
ii) Pour t
1
< t < t
2
, on a γ(t) D.
iii) Pour t I, t 6∈ [t
1
, t
2
], on a γ(t) 6∈ D.
iv) D |γ| poss`ede exactement deux composantes, et |γ|D est la commune
partie des bords de ces deux composantes.
5
Si X est connexe, toute fonction w localement constante est constante sur tout X. La
preuve est simple. Soit c la valeur de w en un point de X. Il faut montrer que w
1
(c) est `a
la fois ouvert et ferm´e : w
1
(c) est ouvert parce que w est localement constant i.e. il existe
pour tout z X un voisinage U (z) X avec w(U (z)) =constante. Et w
1
(c) est ferm´e parce
que w est continue.
8
La derni`ere condition assure que la courbe ne se croise pas dans D.
La figure de gauche illustre une courbe qui parcourt le domaine D de bord
en bord, alors que la courbe de droite ne le fait pas. Cependant on voit qu’il
est facilement possible de trouver une restriction U du domaine D telle que la
courbe de droite parcourt U de bord en bord.
On peut montrer que pour tout point z sur la trace d’une courbe lisse, simple
et ferm´ee γ dans C, il existe un voisinage de z tel que γ parcourt ce voisinage
de bord en bord.
D´efinition 2.5 (courbe de Jordan) Dans C, une courbe est dite de Jordan
si elle est continue, simple et ferm´ee.
Un exemple simple d’une courbe de Jordan est un
cercle dans C. Il apparaˆıt en effet que chaque cercle
partage C en deux domaines disjoints, l’inerieur
et l’ext´erieur du cercle, qui en est le commun bord.
La courbe ci-contre est aussi une courbe de Jor-
dan, simple et ferm´ee.
Affirmation 2.2 (Jordan) Chaque courbe de Jor-
dan partage le plan en un domaine born´e (l’int´erieur
de la courbe) et un domaine non born´e (son ext´erieur).
Cette courbe est le commun bord de ces deux do-
maines.
On ne montre ce th´eor`eme de Jordan que pour des courbes lisses par mor-
ceaux, simples et ferm´ees de C, puisque dans ce cas, on peut employer la notion
de nombre de tours de la courbe.
Affirmation 2.3 (restreinte aux courbes de Jordan lisses par morceaux)
Soit γ un chemin d’int´egration simple et ferm´e (i.e. lisse par morceaux) tel que
pour tout z |γ|, il existe un disque centr´e en z tel que γ parcourt ce disque de
bord en bord.
Alors γ partage C en deux domaines, dont un seul est born´e. Le bord de chacun
des deux domaines est |γ|.
Comme dit plus haut, la condition pos´ee au chemin d’int´egration simple et
ferm´e se erifie toujours.
Preuve : On pose U := C |γ|. On montre les propositions a), b) et c) :
a) U a au moins deux composantes connexes.
Soit z
0
|γ| et D un disque centr´e en z
0
et que γ parcourt de bord en bord.
9
Soient D
1
et D
2
les deux composantes de D|γ|. Alors par la r`egle de calcul de la
fonction localement constante ‘nombre de tours’ (d’une courbe ferm´ee), qui dit
que la valeur de cette fonction varie de ±1 entre les points de deux composantes
connexes qui ont un bord commun, on a que U
γ
(z
1
) 6= U
γ
(z
2
), pour z
1
D
1
et
z
2
D
2
. Par le fait que U
γ
est constante sur toute une composante connexe, il
suit que z
1
et z
2
appartiennent `a des composantes diff´erentes.
b) Pour chaque composante U
i
de U, on a que U
i
= |γ|.
Supposons que z
0
U
i
sans ˆetre dans |γ|. Dans ce cas, il existe un disque D
centr´e en z
0
avec D U. Alors U
i
D U est ouvert et connexe avec U
i
6=
U
i
D, ce qui signifie que U
i
n’est pas une composante de U, en contradiction
avec l’hypoth`ese. De l`a, U
i
|γ|, et U
i
6= puisque U
i
6= .
On montre par un argument de connexit´e que U
i
= |γ| : Soit z
0
U
i
et D
un disque centr´e en z
0
que γ parcourt de bord en bord. D
1
et D
2
sont les deux
composantes de D |γ|. On a que U
i
D 6= . Donc
U
i
(D |γ|) = (U
i
D
1
) (U
i
D
2
) 6= .
En changeant les indices si besoin est, on a que U
i
D
1
6= . Mais puisque
U
i
D
1
est connexe, on a D
1
U
i
. Mais par le point iv) de la efinition 2.4,
D |γ| D
1
. Puisque |γ| U
i
= , on a alors que D |γ| U
i
, et on a
montr´e que U
i
|γ| est ouvert dans |γ|.
Mais U
i
est aussi ferm´e dans |γ| en raison du fait que U
i
ne contient aucun
voisinage ouvert de C. Comme la propri´et´e d’ˆetre ferm´e est h´er´editaire pour les
sous-parties de C, on a que U
i
est ferm´e dans |γ|.
Puisque U
i
est non vide et que |γ| est connexe, on doit avoir que U
i
= |γ|.
c) U se compose d’au plus deux composantes connexes.
Soient maintenant U
1
U
2
et U
3
trois composantes diff´erentes de U . On choisit
un disque D que γ parcourt de bord en bord. Si ecessaire en changeant les
indices, on doit avoir que D
1
U
1
et D
2
U
2
. Puisque U
3
est une composante
connexe diff´erente de U
1
et U
2
, elle est disjointe de ces deux. En particulier, D
n’appartient pas `a U
3
. Mais ceci contredit le point b), `a savoir que U
3
= |γ|.
En r´esum´e, la courbe γ partage C en deux domaines
U
1
= {z; U
γ
(z) = U
γ
(z
1
)} pour z
1
D
1
,
U
2
= {z; U
γ
(z) = U
γ
(z
2
)} pour z
2
D
2
,
dont le bord commun est |γ|. Et puisque U
γ
= 0 dans la composante non born´ee
de C|γ|, on a que si besoin est en changeant les indices U
1
= {z; U
γ
(z) = 0}
et U
2
= {z; U
γ
(z) = ±1}. On reconnaˆıt que U
1
est l’ext´erieur et U
2
l’inerieur
de la courbe.
Soit un compact K C. Selon Heine-Borel, K est born´e, et il existe une
courbe ferm´ee γ telle que K se situe `a l’int´erieur de γ. On a K intγ. Selon
le r´esultat de Jordan obtenu ci-dessus, l’espace C intγ consiste en une unique
composante, non born´ee. Et puisque
(C intγ) (intγ K) = C K,
on conclut que C K poss`ede exactement une seule composante non born´ee.
10
Nous terminons la section par deux propri´et´es des composantes connexes
que l’on rencontrera souvent dans la suite : la compacit´e et la compacit´e rela-
tive. La notion de compacit´e fera l’objet d’une consid´eration particuli`ere dans
une prochaine section; nous ne l’´evoquons ici qu’en relation aux composantes
connexes.
D´efinition 2.6 (trou) Soit un domaine D C. Une composante compacte
de C D est appel´ee un trou de D (dans C).
Les trous joueront un ole important dans le eveloppement de la th´eorie de
Runge pour les domaines quelconques de C.
Affirmation 2.4 Soit un domaine D C. Alors K D est compact en tant
que sous-ensemble de D si et seulement s’il l’est en tant que sous-ensemble de
C.
La preuve suit de la efinition de la compacit´e et du fait que d’une part tout
ouvert de D est un ouvert de C, et d’autre part que toute intersection U D,
o`u U est un ouvert de C, est un ouvert de D.
D´efinition 2.7 (relativement compact) Les affirmations suivantes `a pro-
pos d’un sous-ensemble M de D sont ´equivalentes.
1. M D est relativement compact dans D.
2.
M est compact, o`u M est l’adh´erence de M dans D.
3. M D et M est compact, o`u M est l’adh´erence de M dans C.
4. M L D, o`u L est compact
On note M ⊂⊂ D.
Ci-contre, M
1
n’est pas relativement com-
pact dans D. En effet, l’adh´erence de M
1
dans C est compacte, mais elle n’est pas
dans D. D’autre part, l’adh´erence de M
1
dans D n’est pas compacte.
M
2
est quant `a lui relativement compact
dans D.
3 Le th´eor`eme de Runge pour les compacts
On pr´esente dans cette section un premier th´eor`eme d’approximation par des
fonctions rationnelles des fonctions holomorphes sur un compact K dans un
domaine D C. Puis on restreint successivement l’ensemble des oles de ces
11
fonctions rationnelles. D’abord en limitant cet ensemble `a un point par com-
posante connexe de D K, puis en montrant qu’on peut dans certains cas
obtenir que ces oles se situent en dehors de D. Ce fait permet l’approximation
de fonctions d´efinies non seulement sur des compacts mais ´egalement sur des
domaines quelconques de C, comme nous le verrons `a la section 6.
Une fonction f est dite holomorphe sur une partie quelconque Q de C si elle
est la restriction `a Q d’une fonction h holomorphe sur un voisinage U de Q.
On a ainsi f = h|
Q
. On peut ainsi toujours supposer que si f est une fonction
holomorphe sur un compact K, f l’est encore sur un voisinage ouvert D K,
de mani`ere que la construction de la premi`ere section est toujours possible : il
existe en effet pour tout compact K et pour tout D K un cycle Γ dans D K
avec U
Γ
(z) = 1 pour z K et U
Γ
(z) = 0 pour z C D.
Voici `a pr´esent une premi`ere tentative d’approcher des fonctions holomorphes
par des fonctions rationnelles.
Affirmation 3.1 (approximation par des fonctions rationnelles) Soit f
holomorphe sur le compact K. Il existe une suite de fonctions rationnelles sans
oles dans K qui converge uniform´ement vers f sur K.
Preuve : Soit un voisinage ouvert D de K tel que f y est encore holomorphe
et soit un cycle Γ avec U
Γ
(z) = 1 si z K et U
Γ
(z) = 0 si z C D. Alors
z K,
f(z) =
1
2πi
·
Z
Γ
f(ζ)
ζ z
.
On ecompose le cycle en chemins ferm´es. Puisque ces chemins sont lisses par
morceaux, on peut trouver une d´ecomposition du cycle en un nombre fini de
bouts de chemins de classe C
. Moyennant reparam´etrisation, on peut admettre
que ces chemins sont de la forme γ
ρ
: [0, 1] D K, ρ = 1, ···, R. Nous
choisissons un de ces chemins et nous l’appelons simplement γ :
I
ρ
(z) :=
Z
γ
f(ζ)
ζ z
=
1
Z
0
f(γ(t))
γ(t) z
γ
0
(t) dt.
Soit δ > 0 arbitraire. Il existe une fonction en escaliers
6
φ : [0, 1] D
K telle que |f(γ(t)) φ(t)| < δ. Une telle fonction en escaliers s’obtient en
partitionant l’intervalle [0, 1] et en d´efinissant φ constante sur chacun des sous-
intervalles [a
i
, a
i+1
[. Soit une partition Z
φ
d´ecrite par 0 = a
1
< a
2
< ··· <
a
N
φ
= 1. On fixe t
0
[a
i
, a
i+1
[ et on pose φ|
[a
i
,a
i+1
[
: f(γ(t
0
)). Par la continuit´e
de f γ, il existe une partition Z
φ
avec |f γ φ| < δ partout.
De mˆeme, il existe deux autres partitions Z
ψ
et Z
θ
d´ecrites respectivement par
0 = b
1
< b
2
< ··· < b
N
ψ
= 1 et 0 = c
1
< c
2
< ··· < c
N
θ
= 1 telles que pour des
fonctions en escaliers ψ et θ associ´ees `a ces partitions, on ait que |γ(t)ψ(t)| < δ
et |γ
0
(t) θ(t)| < δ partout.
Alors pour le raffinement commun de ces trois partitions 0 = d
1
< d
2
< ··· <
6
I.e. les parties eelle et imaginaire sont des fonctions en escaliers.
12
d
N
= 1, les trois fonctions en escaliers sont constantes sur chacun des N 1
sous-intervalles [d
i
, d
i+1
[. De l`a, et pour t dans un de ces sous-intervalles
7
f(γ(t))
γ(t) z
γ
0
(t)
p
i
ψ
i
z
< constante · δ. (3)
p
i
et ψ
i
sont ici des nombres complexes d´efinis par p
i
:= φ(t) ·θ(t) et ψ
i
:= ψ(t)
pour t dans un sous-intervalle [d
i
, d
i+1
].
La figure ci-contre montre la situation
d’une composante connexe de K dans D.
Pour borner le membre de gauche de l’´equa-
tion (3), il faut s’assurer que ψ
i
z 6= 0 en
demandant par exemple que |ψ
i
z| > δ. Si
l’on veut en plus satisfaire l’autre condition
|γ
ρ
ψ| < δ, il faut demander que r > 2δ,
o`u r est la distance entre K et la trace de γ.
Par suite, et en se souvenant que pour simplifier l’´ecriture du d´eveloppement
pr´ec´edent nous avons pos´e que γ
ρ
= γ, on a que pour chaque ρ,
I
ρ
(z)
N
ρ
1
X
k=1
(d
ρ, i+1
d
ρ, i
) ·
p
ρ, i
ψ
ρ, i
z
< const
ρ
·
X
i
(d
ρ, i+1
d
ρ, i
)
|
{z }
=1
·δ = const
ρ
·δ.
Ainsi, la fonction rationnelle
1
2πi
·
X
ρ
N
ρ
1
X
i=1
(d
ρ, i+1
d
ρ, i
) ·
p
ρ, i
ψ
ρ, i
z
est la fonction d’approximation recherch´ee qui approche l’int´egrale f(z) =
1
2πi
·
R
Γ
f(ζ)
ζz
, pour z K. On peut l’´ecrire sous la forme d’une somme finie de
7
En etail : Le membre de gauche de l’in´egalit´e est ´egal `a
f γ(t)γ
0
(t)(ψ
i
z) p
i
(γ(t) z)
(γ(t) z)(ψ
i
z)
|num´erateur|
r
2
, o`u r est la distance (par efinition mi-
nimale, et ce minimum existe) entre le compact K et la trace de γ. Pour majorer le num´erateur,
il faut consid´erer l’in´egalit´e suivante : |AB CD| |A(B C)| + |C(A D)|. En substituant
correctement, on obtient
|f γ(t)γ
0
(t)(ψ
i
z) p
i
(γ(t) z)| |(ψ
i
z) (f γ(t)γ
0
(t) pi)
|
{z }
δ
| + |p
i
(ψ
i
γ(t))
|
{z }
δ
|
δ ·
|p
i
| + max {|x y|; x K, y |γ|}
= δ · constante.
On emploie le fait que ψ
i
z max {|x y|; x K, y |γ|}. Ce maximum ainsi que le
minimum utilis´e ci-dessus existe puisqu’on consid`ere la distance entre deux compacts, qu’on
peut voir comme une fonction continue sur le produit cart´esien de deux compacts.
13
fractions partielles.
En ecrivant cette fonction comme A :=
k
P
κ=1
a
κ
zb
κ
, et si R est le nombre de
bouts de chemins γ
ρ
, cette fonction satisfait `a
A
1
2πi
·
Z
Γ
f(ζ)
ζ z
< const · R · δ,
o`u const est le maximum des const
ρ
. Pour tout n N, on peut alors consid´erer
la fonction rationnelle A qui correspond `a δ = (2
n
· const ·R · δ)
1
. On efinit
ainsi une suite (A
n
)
nN
de fonctions rationnelles avec
A
n
1
2πi
·
Z
Γ
f(ζ)
ζ z
< 2
n
.
Cela montre qu’il existe une suite de fonctions rationnelles qui converge uni-
form´ement sur K vers f(z) =
1
2πi
·
R
Γ
f(ζ)
ζz
.
Par construction, les oles de ces fonctions rationnelles ne sont pas dans K,
mais dans D K. Dans la suite, on va essayer de dire un peu plus `a propos
de la situation de ces oles. Le proc´ed´e suivant permet de r´eduire le nombre
de oles des fonctions d’approximation au nombre de composantes connexes de
D K.
Affirmation 3.2 (d´eplacement des oles) Soient a et b deux points pris
dans la mˆeme composante Z de D K. Alors on peut approcher
1
zb
sur K par
une suite uniform´ement convergente de polynˆomes en
1
za
.
Preuve : Soit L
a
:= {f O(K); f est approx. unif. par une erie
P
ν
k
ν
(za)
ν
}.
On sait que L
a
n’est pas vide car cet ensemble contient certainement tous les
polynˆomes en
1
za
.
On montre que pour un disque ouvert B autour de a tel que K B = , on
a que pour tout point b B,
1
zb
L
a
. Soit z K. Alors la distance |b a|
est toujours strictement plus petite que la distance |z a|, qui est d’ailleurs
toujours strictement positive. De l`a,
ba
za
< 1 pour tout z K et pour tout
b B. On sait alors que la erie eom´etrique suivante converge uniform´ement
sur tout compact de B, et on connaˆıt sa limite :
1
z a
·
X
i=0
b a
z a
i
=
1
z a
·
1
1
ba
za
=
1
z b
. (4)
L’´egalit´e (4) exprime le fait que
1
zb
L
a
, pour tout b B.
Mais il est aussi clair que si
1
zx
L
b
et
1
zb
L
a
, alors
1
zx
L
a
, i.e la
relation d’appartenance `a un L
x
est une relation transitive.
14
Ce fait-ci permet de former une chaˆıne de disques ouverts telle que chaque point
p appartenant `a la chaˆıne satisfait `a ce que pour z K,
1
pz
appartient `a L
a
.
Il suffit de veiller `a ce que chaque disque de la chaˆıne contienne le centre du
prochain disque. Et puisque tout domaine est connexe par arcs, il est possible
de relier chaque paire de points de la mˆeme composante par une telle chaˆıne,
contenant un nombre fini de disques ouverts.
8
Il en suit que tous les points du domaine appartiennent `a L
a
et se laissent
donc approcher par une suite uniform´ement convergente de polynˆomes
P
ν
k
ν
(za)
ν
.
Consid´erons une chaˆıne de disques reliant deux points de la eme com-
posante. A chaque passage d’un disque au suivant correspond la substitution
de l’argument d’une erie de puissances par une autre s´erie de puissances. Au
passage du disque centr´e en b `a celui centr´e en a, passage que ecrivent les
calculs ci-dessus, correspond la substitution
1
zb
= P
ba
(
1
za
), o`u P est une erie
enti`ere en son argument. Et dans le cas o`u pour trois points a, b et c, on a que
1
zc
= P
cb
P
ba
(
1
za
), alors on observe la relation importante P
cb
P
ba
= P
ca
.
C’est cette r´eduction de la composition de s´eries enti`eres `a une s´erie enti`ere qui
permet le prochain th´eor`eme d’approximation.
3.1 le th´eor`eme d’approximation
On va maintenant consid´erer C K et non plus D K. On veut en effet utiliser
la propri´et´e de C K d’avoir exactement une seule composante non born´ee. Il
est en effet possible de eplacer tous les oles de cette composante non born´ee
de C K “infiniment loin”. Ceci m´erite pr´ecision :
Si D = C et si Z est la composante non born´ee de C K, alors il existe un
point d Z tel que B
r
(0) K, pour r = |d|/2. Pour ce point d, toutes les
fonctions (z d)
n
sont holomorphes sur le disque ferm´e B
r
(0) et s’y laissent
8
Soit un chemin γ : [0, 1] Z reliant a `a b dans Z. La trace |γ| de ce chemin est compacte
dans Z. Soit ρ := dist (|γ|, Z). On a que ρ > 0, ce qu’on montre plus bas. Soit ensuite une
partition 0 = a
1
< a
2
< · · · < a
N
= 1 suffisamment fine pour que la longueur d’arc entre
γ(a
i
) et γ(a
i+1
) soit plus petite que ρ/2 :
Z
a
i+1
a
i
p
(Reγ
0
)
2
+ (Imγ
0
)
2
(t) dt < ρ/2.
Alors la chaˆıne des disques centr´es en ces γ(a
i
) et de rayon 3/4 ρ est une chaˆıne finie reliant
a `a b dans Z. Chaque cercle contient le centre du cercle suivant, et ainsi, chaque point p
appartenant `a cette chaˆıne satisfait `a ce que pour z K,
1
pz
appartient `a L
a
.
Il reste `a se persuader que ρ > 0 : On recouvre le compact |γ| par un recouvrement fini E de
disques ouverts dans Z. Puis on efinit F := {z C; dist (z, |γ|) 1}. Alors C := F (E F )
est un compact dans C (qu’on peut supposer non vide, quitte `a grossir F sinon). D’autre part,
on a par construction que ρ = dist (|γ|, Z) dist (|γ|, C). Par d´efinition de la distance entre
deux ensembles, dist (|γ|, C) := inf{|a b| ; a |γ|, b C}. Or cet infimum est un minimum,
puisque la fonction |γ| × C R
+
; (a, b) |a b| est continue sur le produit cart´esien de
deux compacts.
Il existe donc (a
0
, b
0
) |γ|×C tel que dist (|γ|, C) = |a
0
b
0
|. Puisque a
0
est un point inerieur
de Z, il y a un disque ouvert autour de a
0
qui se trouve encore dans Z. La distance ρ entre
|γ| et Z est donc au moins du rayon de ce disque.
15
donc approcher uniform´ement par leur erie de Taylor en 0. Et de eme pour
la restriction de ces fonctions sur K B
r
(0). Pour tout a dans la eme compo-
sante que d, il suit que z 7→ (z a)
n
se laisse approcher uniform´ement sur K
par des polynˆomes en z `a savoir les sommes partielles de la erie de Taylor en 0.
Pour toute partie P C, C
P
[z] signifie l’ensemble de toutes les fonctions
rationnelles dont les oles sont uniquement dans P. Il s’agit d’une C-alg`ebre.
Affirmation 3.3 Soit une partie P C K. Si chacune des composantes
born´ees de C K contient des points de P , alors toute fonction holomorphe
sur K se laisse approcher uniform´ement sur K par une suite de fonctions de
C
P
[z].
Preuve : Soit f holomorphe sur K. On se donne un ε > 0. Selon le th´eor`eme
d’approximation par des fonctions rationnelles, il existe une fonction
A =
k
X
κ=1
a
κ
z b
κ
telle que |f A|
K
< ε/2.
Les oles b
κ
sont dans C K. Soit Z
κ
la composante de C K qui contient b
κ
.
Si cette composante est born´ee, il existe alors un t
κ
P Z
κ
. Selon le th´eor`eme
de d´eplacement des oles, il existe un polynˆome g
κ
en (z b
κ
)
1
tel que
a
κ
z b
κ
g
κ
(z)
<
ε
2k
, z K.
Dans le cas o`u Z
κ
est la composante non born´ee, alors g
κ
est un polynˆome en
z. La fonction g :=
k
P
κ=1
g
κ
est rationelle et ses oles sont tous dans P . On a
|f g|
K
< |f A|
K
+ |A g|
K
< ε/2 +
k
X
κ=1
a
κ
z b
κ
g
κ
(z)
K
< ε.
Rappelons que toute fonction holomorphe sur K l’est par efinition sur un
voisinage de K. L’affirmation suivante est une cons´equence de l’affirmation 3.3.
Affirmation 3.4 (cons´equence) Soit K D un compact dans un domaine
D. Si chaque composante born´ee de C K contient des points de C D, alors
toute fonction holomorphe sur K se laisse approcher uniform´ement sur K par
une suite de fonctions holomorphes sur D.
Preuve : On choisit P C K en-dehors de D et de sorte que les conditions
de 3.3 sont satisfaites.
Une autre cons´equence, importante, de 3.3 :
Affirmation 3.5 (petit th´eor`eme de Runge) Si C K est connexe, toute
fonction holomorphe sur K se laisse approcher uniform´ement sur K par une
suite de polynˆomes.
16
Nous voulons montrer l’implication eciproque. Mais tout d’abord, voici deux
affirmations simples :
Affirmation 3.6 Soit D un domaine et K D un compact. Si une composante
(connexe) Z de D K est relativement compacte dans D, alors |f |
Z
|f|
K
pour tout f holomorphe sur D.
Preuve : Il est clair que Z K.
9
De plus, le fait que Z est relativement com-
pacte dans D signifie que son adh´erence dans C est dans D et que celle-ci est
compacte; il s’ensuit que Z est born´ee. L’affirmation suit alors du principe du
maximum appliqu´e `a un domaine born´e. Nous nous donnons une fonction holo-
morphe non constante sur D et nous montrons qu’elle n’admet pas de maximum
dans le domaine ouvert
˚
Z = Z (Z Z). Supposons qu’il existe un z
0
˚
Z
avec |f(z
0
)| |f (z)|, pour tout z
˚
Z. L’image f(
˚
Z) serait alors dans le disque
ferm´e centr´e en 0 et de rayon |f(z
0
)|; il n’y aurait aucun voisinage de f(z
0
)
qui appartienne encore `a f(
˚
Z), en contradiction avec le fait que l’image d’un
domaine par une fonction holomorphe non constante est aussi un domaine. De
l`a, |f| est plus grande sur Z que dans
˚
Z. Puisque Z est relativement compacte
dans D, l’affirmation suit.
Affirmation 3.7 Chaque composante Z de CK qui est dans D est ´egalement
une composante de D K. Si Z est en plus born´ee, alors Z est relativement
compacte dans D.
Preuve : Z est un domaine dans D K, et il y a donc une composante Z
0
de
D K qui contient Z. Mais inversement, Z
0
est un domaine dans C K. De
l`a, Z = Z
0
.
Si Z est born´ee, alors, selon l’affirmation pr´ec´edente, Z K, et
Z D K
D.
Voici `a pr´esent de mani`ere esum´ee ce qu’on peut dire sur un compact K dans
un domaine D :
Affirmation 3.8 Les affirmations suivantes sont ´equivalentes :
1. L’espace D K n’a aucune composante relativement compacte dans D.
2. Chaque composante born´ee de C K a une intersection non vide avec
C D.
3. Toute fonction holomorphe sur K se laisse approcher uniform´ement sur
K par une suite de fonctions rationnelles sans ole dans D.
4. Toute fonction holomorphe sur K se laisse approcher uniform´ement sur
K par une suite de fonctions holomorphes sur D.
5. Pour tout c D K, il existe une fonction h holomorphe sur D telle que
|h(c)| > |h|
K
.
9
Supposons qu’il y ait un point c D Z avec c 6∈ K. Alors il y aurait un disque
B D K centr´e en c. Mais puisque Z B 6= , B serait dans Z, ce qui contredit le fait que
c soit un point du bord Z. Donc D Z K.
Puisqu’en outre Z est relativement compacte dans D, on a Z D. Donc Z K.
17
Preuve : 1) 2) : Par l’affirmation 3.7. 2) 3) : C’est l’affirmation 3.4.
3) 4) : Evident.
4) 1) : On suppose que D K poss`ede une composante relativement com-
pacte Z dans D. Soit a Z et δ := |z a|
K
< 0. Alors pour (z a)
1
O(K), il
existe g O(D) telle que |(za)
1
g(z)|
K
< δ
1
. Alors |1(za) g(z)|
K
< 1.
Par l’affirmation 3.6, il suit que |1 (z a) g(z)| < 1 pour tout z Z. Mais
c’est absurde pour z = a.
1) 5) : D (K {c}) a les mˆemes composantes que D K `a ceci pr`es
que l’une d’elles est priv´ee de c. On peut appliquer 1) au compact K {c} au
lieu de K. Ce qui implique qu’on peut aussi lui appliquer 4), ce qu’on vient de
montrer. On consid`ere ensuite la fonction
g(z) := 0 pour z K, g(c) := 1
qui est trivialement holomorphe sur K {c}. Il existe h O(D) telle que
|h|
K
< 1/2 et |1 h(c)| < 1/2. Cela implique que |h(c)| > 1/2.
5) 1) : Si D K a une composante relativement compacte dans D, alors 5)
serait incompatible avec l’affirmation 3.6.
Remarquons l’apport qualitatif de la cons´equence 3.4 par rapport `a 3.3 :
en consid´erant que les oles sont hors de D et non plus seulement hors de K,
on peut trouver une suite (f
n
) qui ne epend plus de K, de mani`ere qu’elle
converge uniform´ement sur tout compact K dans D. En passant ainsi de la
convergence uniforme `a la convergence compacte
10
, on passe du cas compact
au cas d’un domaine quelconque de C.
On trouve une telle suite de la mani`ere suivante. Soit f une fonction holomorphe
sur D. On consid`ere la suite de compacts dans D donn´ee par
K
i
:= {z D; dist (z, D)
1
2
i
}.
Soient (f
i,j
)
jN
, i N, des suites de fonctions holomorphes sur D et m´ero-
morphes sur C (sinon, f
i,j
:= f) qui approchent f uniform´ement sur K
i
. Alors
la suite diagonale f
i,i
approche f uniform´ement sur tous les K
i
, puisque on a
l’imbrication K
i
K
i+1
, et que tout compact K de D est inclus dans un de ces
K
i
.
Un d´eveloppement du cas non compact sera l’objet de la section 6.
Pour l’instant, nous restons au cas compact et obtenons l’affirmation eci-
proque du petit th´eor`eme de Runge :
Affirmation 3.9 Toute fonction holomorphe sur K se laisse approcher uni-
form´ement sur K par une suite de polynˆomes si et seulement si C K est
connexe.
10
Une suite de fonctions holomorphes sur un domaine D est dite compactement convergente
si elle converge uniform´ement sur tout compact dans D. Il est montr´e dans la suite que la
convergence compacte est ´equivalente `a la convergence localement uniforme dans C.
18
C K est en effet connexe si et seulement si C K ne poss`ede aucune compo-
sante relativement compacte dans C. En effet :
”: Si C K est connexe, la seule composante de C K est non born´ee,
et aucune composante n’est donc relativement compacte. ”: Supposons par
l’absurde qu’il existe une composante Z de C K relativement compacte dans
C. Donc Z est born´ee et doit ˆetre disjointe de la composante non born´ee de
C K (qu’on sait devoir exister puisque K est born´e). C K n’est alors pas
connexe.
Il reste `a montrer que si toute fonction holomorphe sur K se laisse approcher
uniform´ement par une suite de polynˆomes, alors C K ne poss`ede aucune com-
posante relativement compacte dans C. Mais il s’agit justement de l’implication
3) 1) de l’affirmation 3.8, pour D = C.
Finalement, nous obtenons l’affirmation eciproque de l’affirmation 3.3.
Affirmation 3.10 Si P est tel que toute fonction holomorphe sur K se laisse
approcher uniform´ement sur K par une suite de fonctions de C
P
[z], alors
chaque composante born´ee de C K contient des points de P .
Preuve : Par le th´eor`eme de eplacement des oles, on peut admettre que
l’intersection entre P et chaque composante de CK est un point unique. Dans
ce cas, D := C P est un domaine satisfaisant K D. D’autre part et puisque
C
P
[z] O(D), chaque composante born´ee de C K a une intersection non
vide avec C D = P , ceci par l’implication 4) 2) pr´ec´edemment d´emontr´ee.
4 R
2
est localement compact.
Nous entamons la section par un rappel.
D´efinition 4.1 X est appel´e un espace de Hausdorff si pour toute paire de
points distincts x
1
, x
2
, il existe un voisinage ouvert de x
1
et un voisinage ouvert
de x
2
tels que leur intersection est vide.
Dans un espace de Hausdorff, tout point x X est l’intersection de tous ses
voisinages ferm´es. Ceci permet l’affirmation suivante :
Affirmation 4.1 Si X est un espace de Hausdorff, alors x X, {x} est un
ferm´e de X.
En effet, {x} =
T
{X U; x 6∈ U O}. Or une intersection (infinie et non
forc´ement d´enombrable) de ferm´es est aussi un ferm´e.
D´efinition 4.2 (compacit´e) Un espace topologique X est dit compact s’il est
Hausdorff et si de tout recouvrement d’ouverts, il admet un sous-recouvrement
fini.
Sans preuve, je rappelle les affirmations suivantes.
19
Affirmation 4.2 Tout sous-espace ferm´e d’un espace compact est compact.
11
Autrement dit, la compacit´e est une propri´et´e er´editaire pour les ferm´es d’un
espace compact.
Affirmation 4.3 Tout sous-espace compact d’un espace de Hausdorff X est un
sous espace ferm´e de ce X.
En d’autres mots, la propri´et´e d’ˆetre ferm´e est er´editaire pour les sous-espaces
compacts d’un espace de Hausdorff. De ces affirmations, il suit que pour tout
sous-espace M d’un espace compact, M est ferm´e M est compact.
D´efinition 4.3 (compacit´e locale) Un espace topologique X est dit locale-
ment compact si x X, un voisinage (ouvert) U de x tel que
U est compact
dans X.
Essayons de mieux saisir cette notion. Puisque le sous-espace U est compact,
celui-ci est aussi un espace de Hausdorff et pour tout x U , {x} est ferm´e
dans U. Donc (topologie induite), {x} est ferm´e dans X. La propri´et´e qui suit
distingue les espaces localement compacts des espaces compacts.
Affirmation 4.4 Un sous-espace M d’un espace localement compact X est lo-
calement compact si et seulement s’il peut ˆetre repr´esent´e de la forme M =
F V , o`u F est un ferm´e de X et V est ouvert de X.
La compacit´e locale est ainsi une propri´et´e er´editaire pour les sous-espaces
ouverts et les sous-espaces ferm´es d’un espace localement compact. Il faut en
effet comprendre F V comme un ouvert du sous-espace F X par la topologie
induite, ou bien alors comme un ferm´e du sous-espace V X par la topologie
induite. En particulier, on peut choisir F = X ou bien V = X.
Nous en arrivons `a la principale proposition, qu’il s’agira d’expliciter, sinon de
d´emontrer.
Affirmation 4.5 R
2
est localement compact.
Cette proposition est la cons´equence des propositions suivantes.
12
Affirmation 4.6 Le produit cart´esien d’un espace localement compact avec lui-
mˆeme (un nombre fini de fois) redonne un espace localement compact.
Affirmation 4.7 R est hom´eomorphe au sous-espace ouvert (1, 1) de l’espace
compact [1, 1]. Un hom´eomorphisme est donn´e par x 7→ x/(1 x
2
).
Affirmation 4.8 Un espace E est localement compact s’il est hom´eomorphe `a
un sous-espace ouvert M d’un espace compact.
Cette affirmation est cons´equence directe de l’affirmation 4.4 et du fait qu’un
espace compact est aussi localement compact.
11
Soit un recouvrement
S
s
U
s
de ce ferm´e F, et appelons X F l’espace compact en
question. Alors X F est ouvert dans X et (
S
s
U
s
) (X F ) est un recouvrement de X.
Par la compacit´e de X, il existe un sous-recouvrement fini
S
N
i=1
U
i
qui recouvre F . Donc F
est compact.
12
On a que pour tout x = (x
1
, · · · , x
n
) R
n
, U = {y R
n
; |x
i
y
i
| < 1} est un voisinage,
et bien sˆur, si l’on se donne le th´eor`eme d’Heine-Borel, on constate que
U est compact. Mais on
pr´ef´erera une approche plus originale, dans la mesure o`u elle permet de caract´eriser davantage
la compacit´e locale.
20
5 Les composantes compactes d’un espace locale-
ment compact
L’inerˆet de cette section est port´e sur les composantes compactes d’un espace
localement compact quelconque. Dans la th´eorie de Runge pour les domaines
de C, cet espace localement compact est l’espace-reste D D
0
d’une paire de
Runge D
0
D, et ses composantes compactes sont appel´ees les trous de D D
0
.
Chaque composante d’un espace topologique Z X est ferm´ee dans X. Si Z
est une composante de X, alors aussi
Z.
D’autre part, on se rappelle que dans le cas o`u X est compact, les qualifica-
tifs ‘ferm´e’ et ‘compact’ sont synonymes. De l`a, toute composante d’un espace
compact X est aussi compacte.
En g´en´eral, toute composante n’est pas ouverte.
Exemple 5.1 Soit X := Q R muni de la topologie induite. Les composantes
sont les points de Q, et aucune composante n’est ouverte, puisque pour tout
x Q, il n’existe aucun ouvert U de R tel que U Q = {x}.
Exemple 5.2 Soit D
0
D C deux domaines emboˆıt´es de C. l’espace-reste
D D
0
est localement compact. Pour D
0
:= D C, o`u C est un ensemble de
Cantor, D D
0
poss`ede une quantit´e ind´enombrable de composantes compactes.
Il existe des compacts ouverts. Par exemple, chaque point d’un espace X discret
dans R et muni de la topologie induite est un compact ouvert.
Affirmation 5.1 Chaque partie `a la fois ouverte et ferm´ee de X est la eunion
de composantes de X.
En particulier, chaque ouvert compact de X est la r´eunion de composantes
de X. On montre dans la suite un th´eor`eme de
ˇ
Sura-Bura sur l’existence de
compacts ouverts. Nous rappelons tout d’abord le th´eor`eme de l’intersection de
Cantor :
Affirmation 5.2 Soit X compact et soit N une famille de ferm´es N dans X
avec
T
N∈N
N = . Alors il existe un nombre fini de N
1
, ···, N
p
N tels que
p
T
j=1
N
j
= .
S
N∈N
X N est un recouvrement d’ouverts de X. Et parce que X est compact,
il existe un nombre fini d’ouverts X N
1
, ···, X N
p
tels que
p
[
j=1
X N
j
= X X
p
\
j=1
N
j
= X
p
\
j=1
N
j
= 0.
Affirmation 5.3 (
ˇ
Sura-Bura) Chaque composante compacte A d’un espace
X qui est de Hausdorff et localement compact poss`ede une base de voisi-
nages
13
dans X qui sont des compacts ouverts dans X.
13
Les bases de voisinages d’un ensemble sont efinies de la eme mani`ere que les bases de
voisinages d’un point, auxquelles fait r´ef´erence le premier axiome de comptabilit´e. Une famille
de voisinages B(A) de A X est une base de A si pour tout voisinage ouvert V de A, il existe
U B avec A U V .
21
Preuve : i) On montre d’abord l’affirmation suivante :
Soit X compact. Soit A un compact quelconque de X. On enote par F la
famille de tous les compacts ouverts F dans X avec F A. En particulier,
X F. L’intersection B de tous les F F est compacte et contient A. On
montre :
Chaque ouvert (dans X) U B contient un F F.
En effet, (X U)
T
F ∈F
F = . Comme X U est compact, il y a un nombre
fini de F
1
, ···, F
p
F tels que (X U)
p
T
j=1
F
j
= . Or G :=
p
T
j=1
F
j
est dans
F.
ii) On montre l’affirmation de
ˇ
Sura-Bura. A est maintenant une composante
compacte de X.
Soit V un voisinage quelconque de A dans X. Puisque X est localement com-
pact, il existe un voisinage ouvert U de A dans X dont la fermeture
U est un
compact de V .
14
Or A est ´egalement une composante de l’espace U . Or on a
montr´e dans i) que dans U, il existe un compact ouvert G avec A G U .
De l`a, G est aussi ouvert dans U , et donc aussi dans X. On a montr´e que G est
un compact ouvert dans X tel que A G V .
Quelques cons´equences du th´eor`eme :
Affirmation 5.4 Un espace localement compact X poss`ede des composantes
compactes uniquement s’il existe dans X des compacts ouverts (non vides). On
observe alors que la r´eunion de toutes les composantes compactes de X est ´egale
`a la eunion de tous les compacts ouverts de X, et cette eunion est ouverte
dans X.
Affirmation 5.5 Dans le cas o`u l’espace localement compact X ne poss`ede
qu’une finitude de composantes compactes, chacune de ces composantes est alors
ouverte dans X.
Preuve : Soit A une composante compacte de X. Soient A
1
, ···, A
k
les autres
composantes compactes. Alors U := X (A
1
··· A
k
) est un voisinage de A
qui n’intersecte aucune autre composante compacte de X. Selon
ˇ
Sura-Bura, il
y a B un compact ouvert dans X tel que A B U. Mais puisque B est une
r´eunion de composantes, il suit A = B.
Affirmation 5.6 Soit X un espace connexe, compact qui contient plusieurs
points, et soit un point p X. Ce point p est alors un point d’accumulation de
chaque composante de X {p}.
Preuve : Soit A une composante de X {p}. Puisque A est ferm´ee dans
X {p}, A serait aussi ferm´ee dans X dans le cas o`u p 6∈ A. Mais A serait dans
ce cas aussi compact. Puisque X {p} est localement compact, il y aurait dans
ce cas un compact ouvert B X {p} avec A B. Mais alors X ne serait pas
14
Car un sous-espace ouvert d’un espace localement compact est localement compact. Donc
V est localement compact (voir l’affirmation 4.8).
22
connexe. En effet, on pourrait ´ecrire X sous la forme d’une union disjointe de
deux ferm´es non vides B (X B). De l`a, p A.
On applique maintenant le th´eor`eme de
ˇ
Sura-Bura `a l’espace-reste D D
0
de
deux domaines emboˆıt´es D
0
D C. Dans la prochaine section, nous verrons
que ces deux domaines emboˆıt´es forment ce qu’on appelle une paire de Runge.
Affirmation 5.7 Si M est un ouvert dans D D
0
, alors D
0
M est un sous-
ensemble ouvert du domaine D. Si M est en plus une eunion de composantes de
DD
0
, alors les composantes de D(D
0
M ) sont exactement les composantes
de D D
0
qui ne sont pas dans M.
Preuve : Il faut montrer que D
0
M est ouvert dans D. Mais puisqu’il existe
un ouvert U dans D avec M = (D D
0
) U, il suit que
D
0
M = D
0
[(D D
0
) U] = D
0
(U D
0
) = D
0
U.
Affirmation 5.8 Si D D
0
poss`ede une finitude de composantes compactes
L
1
, ···, L
n
, alors D L
1
est un sous-domaine du domaine D; de plus l’espace
D (D
0
L
1
) poss`ede exactement n 1 composantes L
2
, ···, L
n
.
Affirmation 5.9 Soit L une composante compacte de C D
0
i.e. un trou de
D
0
et soit N un ferm´e dans C, avec L N = . Alors il existe un compact
K C D
0
avec L K C N, tel que D
0
K est un domaine dans C.
Preuve : (CN)(CD
0
) est un voisinage de L dans CD
0
. Selon
ˇ
Sura-Bura,
il y a un compact ouvert dans C D
0
tel que L K C N . Par l’affirmation
5.4, D
0
K est un domaine.
6 Le th´eor`eme de Runge pour des domaines quel-
conques
Dans la section qui traite de l’approximation de Runge dans le cas compact,
nous nous donnons un compact K D et nous voulons pouvoir approcher
uniform´ement toute fonction f holomorphe sur ce compact par des fonctions
holomorphes sur D.
15
Nous voulons maintenant pouvoir approcher toute fonc-
tion f sur un domaine D
0
dans D. Bien sˆur, nous n’arrivons plus `a trouver
des suites uniform´ement convergentes de O(D) vers tout f O(D
0
), mais nous
pouvons esp´erer trouver des suites de O(D) qui sont uniform´ement convergentes
vers f sur tout compact de D
0
. Cette convergence est la convergence compacte.
Et puisque C est un espace localement compact, les notions de convergence
compacte et de convergence localement uniforme co¨ıncident :
Nous rappelons qu’une suite de fonctions holomorphes sur un domaine D est
dite compactement convergente sur D si elle converge uniform´ement sur tout
compact dans D, et cette suite est dite localement uniform´ement convergente
sur D si pour tout point de D, il en existe un voisinage o`u elle converge uni-
form´ement.
15
C’est l’affirmation 3.4
23
Affirmation 6.1 Toute suite (f
n
) qui converge localement uniform´ement dans
l’espace (topologique) X y converge aussi de mani`ere compacte.
Si en plus, l’espace X est localement compact, alors cette implication devient
r´eciproque.
Preuve : ”: Pour tout point x K, il existe un voisinage ouvert U de x
dans X tel que (f
n
) y converge uniform´ement. Mais comme tout compact K
de X admet un sous-recouvrement fini d’ouverts
S
N
i=1
U
i
K du recouvrement
S
xK
U
x
, cette suite (f
n
) converge aussi uniform´ement sur K.
”: Puisqu’un espace localement compact X est tel que tout point x X
poss`ede un voisinage compact, l’affirmation est triviale.
6.1 Les paires de Runge
D´efinition 6.1 (paire de Runge) On dit que deux domaines D et D
0
de C
avec D
0
D sont une paire de Runge si toute fonction holomorphe sur D
0
se laisse approcher localement uniform´ement sur D
0
par une suite de fonctions
holomorphes sur D.
Par exemple, la paire (E
×
, C) n’est pas une paire de Runge. Sur chaque cercle
autour de 0 dans E, 1/z ne se laisse en effet pas approcher uniform´ement par
une suite de polynˆomes.
On montrera dans la suite que
Deux domaines D
0
D forment une paire de Runge si et seulement si D D
0
ne poss`ede aucune composante compacte.
D´efinition 6.2 Soient A, B des sous-alg`ebres de la C-alg`ebre de toutes les
fonctions `a valeurs complexes continues sur un domaine D C. Si A B et
si chaque fonction de B se laisse approcher localement uniform´ement par une
suite de fonctions de A, on dit alors que l’alg`ebre A est dense dans B.
On dit qu’un ensemble A est dense dans X si
A = X, o`u la fermeture A de A
se laisse caract´eriser ainsi (voir [En], prop. 1.6.3) :
Un point x est dans A si et seulement s’il existe une suite de points de A qui
converge vers x.
16
16
Cette ´equivalence bien connue n’est pas si triviale; pour la emontrer, il est pr´ef´erable de
consid´erer la caract´erisation suivante :
x est dans
A il existe une base B(x) au point x telle que B A 6= , B B(x).
On montre cette caract´erisation en se souvenant que A =
T
C∈C
C, o`u C figure l’ensemble de
tous les ferm´es C contenant A.
On suppose que tout point x X a une base enombrable de voisinages et on prouve ensuite
l’implication : On suppose que x A. On cr´ee une suite de points de A convergeant
vers x en rangeant les ouverts B de la base B(x) selon la relation directrice efinie par
B B
0
: B B
0
, puis en choisissant un point quelconque dans les ensembles ordr´es B A.
Cette suite de points de A est bien une suite et cette suite converge vers x.
: On suppose qu’il existe une telle suite de points de A qui converge vers x, et il faut
montrer qu’il y a une base B(x) en x avec B A 6= , B B(x). Mais il est clair que pour
toute base en x, tout ouvert de cette base a une intersection non vide avec A.
24
En fait, l’implication est vraie dans tous les cas alors que l’implication
suppose que tout x admette une base d´enombrable de voisinages, ce qui
est le cas des espaces m´etriques, et bien sˆur de C.
On reconnaˆıt que les deux d´efinitions de la densit´e pour des ensembles
et pour des fonctions sont les mˆemes, et leur ´equivalence est donn´ee par
l’affirmation en italique ci-dessus. Les alg`ebres de fonctions sont des espaces to-
pologiques munis de la topologie m´etrique, donn´ee par la norme du supremum.
6.2 Des trous ennuyeux
On s’int´eresse maintenant `a nouveau au cas compact. On rappelle l’´enonc´e de
l’affirmation 3.4 :
Soit K D un compact dans un domaine D. Si chaque composante born´ee de
C K a une intersection non vide avec C D, alors toute fonction holomorphe
sur K se laisse approcher uniform´ement sur K par une suite de fonctions ho-
lomorphes sur D.
Il faut que chaque composante born´ee de C K ait une intersection non vide
avec C D. Heureusement, en agrandissant K, on satisfait toujours `a cette
condition. Tout d’abord, pr´ecisons ce qu’on entend par le terme de trou :
D´efinition 6.3 (trou) Soit un domaine D C. Un trou de D est une com-
posante compacte de C D.
Affirmation 6.2 Pour tout compact K D, il existe un compact K
1
K tel
que chaque composante born´ee de C K
1
contient un trou de D.
Nous remarquons que K
1
n’est pas d´efini de mani`ere unique.
Preuve : Le cas D = C est simple : soit un disque compact K
1
K. Alors
C K
1
n’a aucune composante compacte. On traite donc le cas D 6= C. On
choisit un ρ avec 0 < ρ < d(K, D). On efinit M := {z D; d(z, D) ρ};
on a que K M. D’autre part, il suit de la efinition de M que
C M =
[
wCD
B
ρ
(w).
25
M est donc ferm´e dans C. On choisit ensuite un disque compact B avec K B.
Pour K
1
:= M B, on a que K K
1
D.
Soit maintenant Z une composante born´ee de CK
1
. Puisque CB est connexe
et non born´ee, et puisque
C K
1
= (C B) (C M),
il suit que Z C M. Or pour tout disque B
ρ
(w) C M, on a soit que
B
ρ
(w) Z, soit que B
ρ
(w) Z = , ceci en raison de la connexit´e de Z. On a
donc
Z =
[
wZD
B
ρ
(w).
En particulier, Z a une intersection non vide avec C D. Il existe donc une
composante S de C D telle que Z S 6= . Mais C D C K
1
implique
que S est contenue dans une composante de C K
1
, et S se trouve dans la
composante Z de C K
1
. Puisque Z est born´ee, S est aussi born´ee. Donc S
est un trou de D.
Affirmation 6.3 (approximation rationnelle) Soit P CD un ensemble
tel que P a une intersection non vide avec chaque trou de D. Alors C
P
[z] est
une sous-alg`ebre de O(D), l’alg`ebre des fonctions holomorphes sur D, et C
P
[z]
y est dense.
Preuve : Soit K un compact dans D. On choisit K
1
conform´ement `a la
pr´ec´edente affirmation. Chaque composante born´ee de CK
1
a une intersection
non vide non seulement avec P , mais aussi avec P . Selon l’affirmation 3.4, on a
que toute fonction de O(D) O(K
1
) se laisse approcher uniform´ement sur K
1
et donc ´egalement sur K par une suite de fonctions de C
P
[z].
Pour montrer que C[P ] est dense dans O(D), on montre que pour toute fonction
holomorphe sur D, il existe une suite de C[P ] qui converge uniform´ement vers
f sur tout compact de D.
Soit f une fonction de O(D). On consid`ere la suite de compacts donn´ee par
K
i
:= {z D; dist (z, D) (1/2)
i
}. Pour tout compact K D, il existe
un indice I N avec K K
i
pour tout i I. Soient (f
i,j
)
jN
, i N, des
suites de fonctions de C[P ] qui approchent f uniform´ement sur K
i
. Alors la
suite diagonale (f
i,i
)
iN
approche f uniform´ement sur tous les K
i
, donc aussi
sur tout K D.
Une cons´equence imm´ediate, pour P = :
Affirmation 6.4 (approximation polynomiale) Si D n’a pas de trou, alors
l’alg`ebre des polynˆomes C[z] est dense dans O(D).
A la suite des caract´erisations apport´ees successivement `a l’ensemble des oles P
des fonctions d’approximation dans la section traitant du th´eor`eme de Runge
pour les compacts, le prochain ´enonc´e introduit une nouvelle caract´erisation
d’importance de P .
Pour une quantit´e de trous quelconque, en particulier lorsque celle-ci est ind´e-
nombrable (par exemple le domaine D := C C, pour C un ensemble de
Cantor sur l’intervalle [0, 1]), on trouve toujours un ensemble P enombrable :
26
Affirmation 6.5 Pour tout domaine D C, il existe un ensemble enombrable
P de points appartenant au bord de D qui satisfait `a ce que l’alg`ebre C
P
[z] soit
dense dans O(D).
Preuve : Chaque trou de D a une intersection non vide avec D.
17
Et puisque
D est un sous-espace de C, il existe un ensemble enombrable P D tel que
P = D.
Qu’on se repr´esente l’ensemble E := {x + iy; x, y Q}. Cet ensemble est
d´enombrable et dense dans C, et pour tout bord D, qu’on consid`ere P :=
E D D.
6.3 Caract´erisation des paires de Runge
Soit une paire de Runge (D
0
, D) :
Affirmation 6.6 Chaque composante L de C D
0
avec L D est une com-
posante de D D
0
.
On a L D D
0
. Mais L est connexe; il y a donc une composante L
0
de D D
0
avec L
0
L. Mais L
0
C D
0
implique que L
0
L. De l`a, L
0
= L.
Affirmation 6.7 Pour tout compact ouvert A D D
0
, il existe V ouvert et
relativement compact dans D avec A V et V D
0
.
On a D D
0
= AB, A B = , o`u B est un ferm´e de D D
0
. Puisque D D
0
est ferm´e dans D, c’est aussi le cas de B. Il existe donc un recouvrement de A
par des disques relativement compacts dans D B. Par Heine-Borel, il y a V
relativement compact dans D et qui satisfait `a A V et V B = . Il suit de
V B = = V A que V (D D
0
) = . De V D, on conclut que
V D
0
.
Affirmation 6.8
Les ´enonc´es suivants `a propos de deux domaines D
0
D sont ´equivalents.
i) D D
0
ne poss`ede aucune composante compacte.
ii) L’alg`ebre de toutes les fonctions rationnelles sans oles dans D est dense
dans O(D
0
).
iii) (D
0
, D) est une paire de Runge.
iv) Il n’y a aucun compact ouvert non vide dans D D
0
.
Preuve : i) ii) : Par l’affirmation 6.6, chaque trou de D
0
contient des points
de P := C D. Et puisque P C D
0
, l’alg`ebre C
P
[z] est dense dans O(D
0
).
ii) iii) : C’est une cons´equence du fait que les fonctions rationnelles sans
oles dans D appartiennent `a O(D).
iii) iv) : Soit A un compact ouvert dans D D
0
. On choisit un V selon
l’affirmation 6.7. V est compact, et V D
0
. Supposons par l’absurde que
17
On a d’une part L D et d’autre part L L avec L 6= . On conclut que LD 6= .
27
A n’est pas vide, et qu’il existe un point a A. On consid`ere la fonction
(z a)
1
O(D
0
) ainsi qu’une suite g
n
O(D) avec
lim
n→∞
1
z a
g
n
V
= 0 lim
n→∞
1 (z a) g
n
(z)
V
= 0,
o`u g
n
V
est la restriction de cette suite `a V . Puisque
V D, la suite
(z a) g
n
(z) converge uniform´ement vers 1 sur V , en raison du principe du
maximum, ce qui ne peut pas ˆetre le cas parce que a A V . Donc A est vide.
iv) i) : C’est l’affirmation 5.4.
Affirmation 6.9 Si P C D
0
est tel que l’alg`ebre C
P
[z] est dense dans
O(D
0
), alors chacun des trous de D
0
contient des points de P .
On a D
0
C
P et C
P
[z] O (C P ). Donc (D
0
, C P ) forme une paire
de Runge. Par iii) i), (C P ) D
0
= C (P D
0
) ne poss`ede aucune
composante compacte. Cela signifie que chaque trou de D
0
contient des points
de P .
7 Annexe : Espaces localement compacts
et espaces de Tychonoff
Les espaces de Tychonoff forment une classe encore plus sp´ecifique que celle des
espaces de Hausdorff.
D´efinition 7.1 X est appel´e un espace de Tychonoff (appel´e ´egalement es-
pace T
3
1
2
ou encore espace compl`etement r´egulier) si X est un espace T
1
18
et si pour tout x X et pour tout ferm´e F X tel que x 6∈ F , il existe une
fonction continue f : X I avec
f(x) = 0 et f(y) = 1, y F .
Contrairement aux autres espaces efinis jusqu’`a pr´esent, qui impliquent seule-
ment des notions se laissant r´eduire `a la notion d’ensemble ouvert, la d´efinition
d’un espace de Tychonoff implique en plus la notion de fonction continue `a
valeurs eelles. De l`a, l’invariance topologique d’un espace de Tychonoff, i.e.
le fait que l’image d’un tel espace par un hom´eomorphisme reste un tel es-
pace, ne va plus compl`etement de soi. Cette invariance ecoule cependant de
l’observation que la composition f h d’un hom´eomorphisme et d’une fonction
continue redonne une fonction continue.
Affirmation 7.1 Tout espace localement compact est un espace de Tychonoff.
Dans la suite, X est un espace topologique quelconque.
18
Certains auteurs demandent que X soit de Hausdorff. La efinition propos´ee ici vient de
[En], p.61.
28
D´efinition 7.2 Une famille {A
s
}
sS
de sous-ensembles de X est dite loca-
lement finie si x X, il existe un voisinage U de x tel que l’ensemble
{s S; U A
s
6= ∅} est fini.
Affirmation 7.2 Pour toute famille localement finie {A
s
}
sS
, on a l’´egalit´e
[
sS
A
s
=
[
sS
A
s
.
Cette ´egalit´e vaut ainsi eme pour un ensemble S ind´enombrable d’indices.
Preuve : Par le fait que A B A B, il suit que A
s
S
sS
A
s
pour tout
s S. Donc
S
sS
A
s
S
sS
A
s
. C’est pour montrer l’inclusion inverse que l’on
fait usage de la locale finitude : pour tout x X, il existe un voisinage U de x
tel que l’ensemble S
0
= {s S; U A
s
6= ∅} est fini. Il suit que x 6∈
S
s(SS
0
)
A
s
.
Par le fait que
x
[
sS
A
s
=
[
sS
0
A
s
[
s(SS
0
)
A
s
,
il suit que
x
[
sS
0
A
s
=
[
sS
0
A
s
[
sS
A
s
.
Une cons´equence triviale :
Affirmation 7.3 Soit F =
S
sS
A
s
. Si tous les A
s
sont ferm´es (ouverts-
ferm´es), alors F est ferm´e (ouvert-ferm´e).
Voici `a ce stade quelques consid´erations sur les fonctions continues.
D´efinition 7.3 Soient X, un recouvrement {A
s
}
sS
de X ainsi qu’une famille
de fonctions {f
s
}
s
S avec f
s
: A
s
Y . On dit que les fonctions sont com-
patibles si pour toute paire s
1
et s
2
d’´el´ements de S, on a que
f
s
1
|A
s
1
A
s
2
= f
s
2
|A
s
1
A
s
2
.
En posant
f(x) := f
s
(x) pour x A
s
,
on efinit une fonction f : X Y qu’on nomme la combinaison des fonc-
tions {f
s
}
s
S et qu’on enote par le symbole
sS
f
s
.
Si les fonctions compatibles sont continues, alors leur combinaison est aussi
continue. Pr´ecis´ement :
Affirmation 7.4 Soit {U
s
}
sS
un recouvrement (pas forc´ement localement fini !)
d’ouverts d’un espace X et {f
s
}
sS
une famille de fonctions continues compa-
tibles, avec f
s
: F
s
Y . Alors la combinaison f =
sS
f
s
est une fonction
continue f : X Y .
29
Preuve : Pour tout sous-espace ouvert U de Y , on a que
f
1
(U) =
[
sS
f
1
s
(U).
Chaque ensemble f
1
s
(U) est ouvert dans U
s
, et donc dans X. Leur union quel-
conque aussi.
Affirmation 7.5 (2.1.13) Soit {F
s
}
sS
un recouvrement localement fini de
ferm´es d’un espace X et {f
s
}
sS
une famille de fonctions continues compatibles,
avec f
s
: F
s
Y . Alors la combinaison
sS
f
s
est une fonction continue
f : X Y .
Preuve : Pour chaque sous-espace ferm´e F de Y , on a que
f
1
(F ) =
[
sS
f
1
s
(F ).
L’ensemble f
1
s
(F ) est ferm´e dans F
s
, et donc aussi dans X. Puisque la famille
{f
1
s
(F )}
sS
est localement finie, l’affirmation 7.3 implique que l’image inverse
de f
1
(F ) est ferm´ee dans X.
On en arrive `a la preuve `a proprement parler de l’affirmation 7.1 :
Preuve : Soit x X, o`u l’espace X est localement compact. Soit ensuite F un
sous-espace ferm´e de X tel que x 6∈ F . On consid`ere un voisinage ouvert U de
x tel que U est compact. L’ensemble
F
0
= (U U) (U F )
est un sous-espace ferm´e de U. Puisque x U F
0
, il existe (i.e. il est possible
de efinir) une fonction f
1
: U [0, 1] avec f
1
(x) = 0 et f
1
(y) = 1 pour tout
y F
0
. Puisque
U (X U) = U U F
0
,
la combinaison f de f
1
et de la fonction constante f
2
: X U [0, 1] d´efinie
en posant f
2
(y) = 1 pour tout y X U est une fonction continue, selon
l’affirmation 7.5. On constate que f(x) = 0 et f(F ) {1}.
30
R´ef´erences
[En] ENGELKING, R. : General Topology, Pa´nstwowe Wydawnictwo Naukowe
(PWN), 1977
[FiLi] FISCHER, W., LIEB, I : Funktionentheorie, Vieweg Studium, 5
`eme
´ed.
1988
[FrBu] FREITAG, E., BUSAM, R. : Funktionentheorie, Springer Verlag,
2
`eme
´ed. 1995
[Ga] GAIER, D. : Vorlesungen
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uber Approximation im Komplexen, Birkh
¨
auser,
1980
[Jae1] J
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ANICH, K. : Funktionentheorie. Eine Einf
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uhrung, Springer Verlag,
3
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´ed. 1999
[Jae2] J
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ANICH, K. : Topology, Springer Verlag, 1984
[Re1] REMMERT, R. : Funktionentheorie 1, Springer Verlag, 3
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[Re2] REMMERT, R. : Funktionentheorie 2, Springer Verlag, 3
`eme
´ed. 1992
[Ru] RUNGE, C. : Theorie und Praxis der Reihen, G. J. G
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oschen’sche Verlags-
handlung, 1904
31