Clément Galopin février 2014
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tombe en-dessous de zéro, ce qui signifie que la compagnie, n’étant momentanément plus capable
de s’acquitter des payements dus grâce aux seuls moyens financiers de la ligne d’assurance en
considération, est forcée de mobiliser d’autres moyens financiers. Dans ce cas de figure, on parle de
ruine actuarielle. Il ne s’agit néanmoins que d’une ruine technique et non pas d’une banqueroute de
la compagnie d’assurance. Durant le reste de l’année, trois autres sinistres sont à payer si bien qu’à la
fin de la deuxième année, toutes les réserves ont fondu, le processus stochastique finissant
légèrement dans la négative.
Il est clair que si les sinistres avaient eu lieu en d’autres moments, la courbe en zigzags aurait eu une
autre forme. En fait, celle-ci dépend des éléments suivants, dont deux sont de nature déterministe et
deux de nature stochastique :
- des réserves initiales
, qui définissent le point de départ du processus stochastique,
- de la prime annuelle P, qui détermine la pente des parties diagonales de la ligne en zigzags,
- de la suite des durées entre deux occurrences successives
,
,
, …, où
dénote la durée
entre le début du processus et l’occurrence du premier sinistre, et ainsi de suite,
- de la suite des montants des dommages inividuels
,
,
, …, ceux-ci déterminant les
chutes verticales du niveau.
Si dénote le niveau d’argent dans le réservoir immédiatement suite à l’occurrence du n
ième
sinistre,
alors
Il est commode d’admettre que les variables aléatoires
et
sont indépendantes deux à deux
(dans toutes les combinaisons possibles impliquant soit un et un , soit deux ou soit deux ) et
identiquement distribuées – on note cela i.i.d. – et de loi exponentielle. On pose ainsi que
est de loi exponentielle de paramètre et
est de loi
exponentielle de paramètre . Il s’agit du modèle dit d’Erlang
.
Il est à noter que lorsque le temps entre deux occurrences suit une distribution exponentielle, le
nombre d’occurrence suit quant à lui une loi de Poisson, avec laquelle il est facile de calculer. Le
modèle d’Erlang est donc un modèle privilégié dans les assurances
.
Il est intellectuellement satisfaisant de savoir que ce modèle du réservoir s’applique à d’autres
domaines que celui de l’assurance. La gestion des stocks de la Migros par exemple se laisse modéliser
de la même façon : Pour chacun des centaines de produits en vente, le stock de marchandise doit
être évalué au plus proche de l’espérance de vente, sans quoi on court le risque de rupture de stock
ou au contraire de frais de stockage inutilement élevés. Le stock (grandeur à déterminer) correspond
à la prime, l’achat d’un client correspond à un sinistre. Enfin, on peut remarquer qu’en politique
énergétique, la gestion du niveau d’eau d’un barrage est un problème dual à celui de l’assurance.
Dual dans le sens où ce sont les entrées d’eau dans le réservoir qui sont de nature aléatoire et c’est la
Erlang est un mathématicien danois qui a développé un modèle stochastique prenant en compte à la fois la
durée d’un appel téléphonique et le temps entre deux appels successifs. Le modèle d’Erlang sert entre autres à
la description de processus comme celui d’une file d’attente à un guichet.
Et lorsque la loi de Poisson décrit le nombre de sinistres de façon insatisfaisante, on a recours à la loi
binomiale négative.